La sorcière

Sur la lande glacée des souvenirs vivants,
mes pas légers comme un fantôme blafard,
veulent porter mon corps appesanti de douleur,
mais le souffle glacé de ton hiver sans vie
me repousse dans le col de mon pull-over noir.

Je suis ici et là-bas, dans l’incroyable vide,
dans le mystère où j’espère tant que tu vis,
où je suis terrifiée de t’y rejoindre demain...
Il ne me reste que les rêves pour t’enlacer,
ma fragile foi dans l'Eternel pour te parler .

Je n’arrive pas à pleurer, mon âme est hagarde,
Pourquoi faut-il l’absence, le néant, le trop tard,
Pour saigner de n’avoir pu aimer malgré tout,
Pour comprendre ce maintenant qui est la dernière fois ?
Je porte ce remords, il m’enfonce dans la terre avec toi.

A genoux, recroquevillée dans la chaleur de la laine
Cherchant un reste de tendresse reniée dans les tourments
d’une amitié torturée des affres d’une dame blanche,
je pense a toi si fort que tout en moi se déchire.
Sorcière je te hais, je te maudis et je crache sur ton infamie.

Emmanuelle

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